Tinou est illustratrice et collabore avec Maison Montagut depuis 3 saisons : nous l’avons rencontrée fin janvier lors d’une douce journée ensoleillée, dans son atelier du 6ème arrondissement de Paris.
Du dessin à l’impression textile
Après des études d’Art à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris, elle a commencé à travailler dans des bureaux de tendance (d’abord chez Li Edelkoort puis chez Promostyl), où elle y a découvert l’univers de la mode un peu par hasard. Tinou nous explique que son savoir-faire est apprécié car additionnel : la plupart des personnes issues du milieu de la mode ne maitrisent pas certaines habilités type « Beaux-Arts », comme le dessin ou la peinture. Elle a donc débarqué dans le milieu de manière très complémentaire, sans aucune velléité de style ; les couleurs et le dessin l’ont amenée à l’impression textile, où elle a travaillé sur plein de projets très différents : collection de cravates, décoration, hommes, femmes, enfants, linge de maison ou Dior…
« Avant, la mode et l’édition étaient des domaines séparés, qui ne se croisaient jamais. Aujourd’hui il y a une évolution constante : les gens qui font par exemple de l’alimentaire s’intéressent au packaging et donc au graphisme. Je me retrouve très bien dans cette façon de passer d’un domaine à l’autre, dans cette génération actuelle d’une culture globale. »
Elle a ensuite été contactée par un agent d’illustrateurs à Paris puis à New-York, ce qui lui a permis de faire de belles rencontres professionnelles et de se concentrer pendant une dizaine d’années sur l’illustration. Aujourd’hui, elle travaille toujours avec cet agent aux Etats-Unis et alterne les projets, des illustrations pour l’édition et la mode, des accessoires, des campagnes… Elle prépare en ce moment même une exposition sur le Brésil.
La rencontre entre Tinou et Maison Montagut
La rencontre entre Tinou et Maison Montagut débute un peu avant l’hiver 2019, lorsque la Maison recherche un dessin sur un sweat en éponge velours (qui deviendra par la suite le fameux paon). Maison Montagut est à la recherche d’une « patte » : le destin est provoqué, Tinou en est une.
Si l’illustratrice connaissait Maison Montagut pour ses mailles, son nom et sa réputation de « Maison française historique », elle se trouve attirée par cette proposition grâce à l’histoire de la marque, et le fait qu’elle soit toujours dirigée par les enfants de la famille. Tinou rencontre l’équipe créative. Très vite, ils trouvent un terrain d’entente, des références visuelles, des envies communes. S’ensuivent alors des collaborations répétées au fil des saisons.
« La marque Montagut a une histoire, les matières nobles. La couleur a une importance fondamentale, il faut prendre ces paramètres en considération. C’est donc très facile de créer pour Maison Montagut, on ne part pas d’une page blanche, et le dialogue est simple dans la collaboration. Cette ouverture d’esprit nous rend encore plus créatif. »
Pour puiser ses idées, Tinou visualise les archives de la Maison : elle tombe sur des collections vintage et rétro, des parfums des années 50’s et 60’s, et notamment sur une fleur qui revient souvent : celle du logo de Maison Montagut, dont elle va s’inspirer pour la nouvelle collection été 2020.
« Je trouvais cette fleur géniale et très intéressante : aujourd’hui on est un peu dans un retour des années 70’s, elle m’a fait penser à la fleur Mary Quant, qui était une créatrice londonienne. C’est elle qui a fait le style « Swinging London » et qui a inventé la mini-jupe, avec des collants de couleurs, les bottines blanches, hyper graphiques avec des petites robes et des rayures. Et en fait il y avait une fleur qui était une marguerite, qui était collée partout et c’était son logo. C’est le même esprit qui m’a inspirée, avec ce côté très joyeux ».
Tinou souhaite mettre en avant une collection très joyeuse, presque pop, et le foulard lui permet de raconter graphiquement une histoire mode. Elle nous explique qu’elle adore raconter des histoires à travers des accessoires essentiels aux saisons. Pour elle, quand on aime une collection ou le travail d’une Maison, c’est un objet de communication : les gens qui rêvent sur la mode achètent des foulards comme un investissement, qui est moins grand qu’avec un vêtement, mais qui à la fois permet de porter quelque chose qu’on aime bien de la marque. Pour elle, le foulard doit être la touche qui valorise les choix stylistiques, qui donnent le ton, ajoute une couleur complémentaire.
Technique et minutie comme pour la maille
Le soin qu’elle accorde aux produits, la technique et la minutie qui se dégagent de son travail sont aussi les mêmes que pour la maille : « Quand je vois leur silhouette, tout à coup j’imagine un dessin qui accompagne ». Tinou accorde également beaucoup d’importance à la féminité, non sans ajouter « et puis je suis française comme la marque, non ? »
D’ailleurs, si on lui demande quelle est la pièce Maison Montagut qu’elle porterait sans hésiter, elle nous répond que le choix est vaste mais qu’elle achète pas mal de vêtements pour leurs couleurs : « Les mailles sont des merveilles, j’ai craqué pour un col roulé ivoire, un grand col V en cachemire jaune, la saison passée la collection faite en éponge velours fabriqué dans la tradition de Sonia Rykiel était un hommage très réussi. »
Le foulard Maison Montagut
Tinou se ré-approprie et ré-invente la fleur Maison Montagut pour cette nouvelle collection, qui se retrouve en répétition et parsemée sur des t-shirts. Elle ne sera pas reprise sur les foulards, à qui l’on attribue une autre fonction :
« Le foulard permet de mettre des couleurs ou des associations que l’on ne peut pas mettre en pull par exemple. Comme la maille possède un côté très classique, avec les foulards il faut vraiment y aller. C’est un merveilleux support, surtout quand la matière est en soie, c’est un révélateur de couleurs fantastique. »
Portrait chinois de Tinou
Si j’étais une saison je serais… Les demi-saisons, une promesse un début…
Si j’étais une émotion je serais… La joie bien sûr, vive le rire !
Si j’étais une matière je serais… Le papier ; désolée pour le tissu c’est quand même plus simple de dessiner sur un bon papier, quoi qu’un caillou pour être lancé et faire des ricochets c’est pas mal non plus.
Si j’étais un super-pouvoir je serais… Le don d’ubiquité mon rêve absolu, pas pour être en vacances et travailler en même temps mais pour pouvoir mener à bien encore plus de projets artistiques.
Si j’étais un bruit je serais… Le ronron de mon chat.