« Des copains, avec une idée saugrenue, un poil de connerie innée et le goût du challenge » : voilà comment se décrivent les beaux gamins de ce bar de quartier au nom éponyme, « certifié » depuis 2016 et qui a fêté ses 4 ans le mois dernier.
Maison Montagut est allé à la rencontre de Pierre, porteur de ce projet aussi étonnant que chaleureux : bar-brocante où l’on peut boire un verre et repartir avec sa chaise ou son verre, Les Beaux Gamins s’est installé rue de Saussure dans le 17ème arrondissement de Paris et ne compte pas en rester là. C’est un bar généreux et convivial, où tout le monde se tutoie et s’appelle par son prénom.
La rencontre entre Pierre et Maison Montagut
Au commencement il y a donc Pierre. Ancien joueur de rugby amateur, il a été pendant une dizaine d’années éducateur scolaire dans un foyer pour enfants. C’est après un DUT et une maîtrise en carrière sociale, tous deux orientés culture, qu’il se retrouve à travailler dans le milieu, même si ce n’était pas une vocation pour lui. Ayant longtemps cherché ce qu’il avait envie de faire, il tombe alors « un peu par hasard » sur une salle de ventes en face de chez lui, une annexe de Drouot dans le 9ème arrondissement en accompagnant un ami. Toujours « un peu par hasard », il commence à acheter des objets et à les revendre pendant un an : « Je trouvais ça intéressant et lucratif. Tu achètes des objets et tu te retrouves un peu à connaître de plus en plus leur époque, leur histoire, à voir ce que tu peux en faire et en tirer » explique-t-il. Puis vint l’idée, celle de ne pourquoi pas, ouvrir un bar dans lequel on puisse tout acheter !
« J’aimais bien les bistrots et je trouvais ça cool d’avoir une ambiance un peu déco, dans laquelle les gens puissent se dire « Je suis assis sur cette chaise et je peux l’acheter. Et puis, j’avais envie d’être mon seul patron. En travaillant pour Les Beaux Gamins, je me sens libre ».
Les Beaux Gamins, le lancement
Même si le concept existait un peu en province, aux États-Unis et dans certains pays comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, Pierre ne trouve pas vraiment d’équivalent en France. Selon lui, il y avait ce bar dans le 20ème arrondissement « mais qui faisait brocante la journée et bar le soir ». Amoureux du 18ème, où il a vécu presque quinze ans, il met un an et demi avant de dénicher la perle rare. Pour lui qui n’était pas pressé et qui voulait bien ficeler son projet, vint le jour où il tombe sur une annonce du Bon Coin, avec « ce bar à rénover complètement et ce loyer incroyable ». Armé de sa licence IV et de son cahier de brocanteur délivré par la préfecture et après avoir tout cassé et tout refait (seuls les murs grattés et les radiateurs subsistent), Pierre s’associe avec deux autres amis pour ouvrir Les Beaux Gamins. Barbara, son bras droit, l’aide à tenir le bar.
« De par le rugby j’ai toujours été collectif donc je ne me voyais pas faire ça tout seul. J’en ai parlé autour de moi et deux potes, qui eux bossaient à côté, se sont joints à moi ».
Où trouve-t-il les objets pour alimenter son bar ? Pierre chine beaucoup : dans les brocantes de Province (pas celles de Paris, intouchables car beaucoup trop chères) ou sur Le Bon Coin. Parfois, il achète même auprès des particuliers ou des professionnels. Ces objets partent du début du 20ème siècle jusqu’aux années 60-70’s.
Mais pas la peine d’échafauder vos plans de cambriolage (on vous voit déjà venir) car aucune pièce ne vaut de l’or. Le bar n’est pas une boutique d’antiquaire, en revanche, tout peut s’acheter, du moulin à café aux verres et aux assiettes, en passant par les tapis, les chaises, ou même la vasque dans les toilettes, vraiment tout. Sauf le propriétaire bien entendu…
La réputation du bar
Très vite, le bar et sa réputation décollent grâce au bouche à oreille des trois associés : « Kévin est un homme de réseau extraordinaire, et moi par les potes du rugby, on en a fait un lieu de destination. Notre réseau a vraiment fait fonctionner le bar les trois premiers mois ».
Cette joyeuse bande de copains s’est établie dans le quartier avec humour et bienveillance, si bien qu’ils en viennent à nouer des liens quotidiens avec leurs clients :
« Je monte les courses de la vieille dame qui vit à côté, on garde des clés. L’ambiance est détendue, on tutoie les gens quelle que soit la génération. Sur une soirée je connais au moins la moitié de la salle et très souvent on appelle les gens par leur prénom. On est ancrés dans le quartier et moi c’est ce que je voulais » nous raconte Pierre. « J’aime les gens, m’intéresser à ce qu’ils font, je trouve qu’on fait des rencontres incroyables et aucune journée ne se ressemble. »
Lorsque l’on lui pose la question sur ses futurs projets, il nous parle à cœur ouvert, plein d’enthousiasme, avec l’idée d’ouvrir un deuxième bar. Même concept ? La question fait débat…
Les Beaux Gamins
1 rue Lebouteaux 75017 Paris
ou
13 rue de Saussure 75017 Paris
Métro Villiers ou Rome
Ouverture du lundi au samedi, 17h-2h
Portrait chinois de Pierre
Si j’étais une époque ? « L’après-guerre jusqu’aux années 60’s : il y avait une ambiance de dingue »
Si j’étais une émotion ? « Le rire : je suis quelqu’un de positif, j’aime la vie, je trouve ça important »
Si j’étais un alcool ? « Tous, sans préférence. Mais sinon en ce moment c’est la vodka, en moscow mule par exemple, c’est très à la mode en ce moment »
Si j’étais un super-pouvoir ? « La télé-portation ou savoir parler toutes les langues »
Si j’étais un objet du quotidien ? « Chez moi j’ai un globe terrestre que j’adore, lumineux, des années 40’s qui est trop beau. A la fois il est déco et il fait voyager »